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Exigences écologiques et réalités de ter Exigences écologiques et réalités de terrain

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Souvenons-nous : en décembre dernier, le gouvernement présentait les grandes orientations de son plan pollinisateurs, avec pour objectif annoncé de le finaliser fin 2020 ou début 2021. Une avancée à marche forcée sans laisser place à la concer­tation. Une façon pour la ministre de l’Écologie de reprendre la main après la décision de réintroduire temporairement les néonicotinoïdes. Mais l’arrêté abeilles de ce plan, visant à interdire tout traitement phytosanitaire de jour sur les plantes attractives en floraison, risquait de mettre le feu aux cam­pagnes, avec la réaction vive de la FNSEA et la demande de la Coordination rurale de ne pas mettre en application le texte. Cinq députés de la majorité écrivent alors au Premier ministre, parlant de « déclaration de guerre au monde paysan » et de « dogmatisme mâtiné d’amateurisme ». Finalement, le ministre de l’Agriculture annoncera une concertation qui « tiendra compte des réa­lités de terrain et des conditions de travail ».

Les tensions sont prévisibles quand sur un dossier interviennent deux ministères avec des administrations aux vues souvent di­vergentes et des ministres répondant aux attentes de publics différents. Depuis, la concertation a été menée et vendredi dernier, une nouvelle version de l’arrêté abeille a été présentée (voir page 14). Mais cette fois-ci, ce sont les organisations environnementales et apicoles, satisfaites du projet de décembre, qui demandent à l’État de revoir sa copie. Une position partagée par la Con­fédération paysanne. Elles reprochent notamment des dérogations trop nom­breuses concernant l’épandage des produits avant le coucher du soleil. Des dérogations qui visent pourtant à trouver des solutions pour les agriculteurs. La FNSEA aurait souhaité pouvoir préserver les traitements du matin et craint que des petites filières ne se retrouvent sans solution. Les deux visions s’opposent toujours.

Et le texte n’est pas sans danger : les producteurs de pommes estiment que la mise en place de « zones de butinage », arbitrage de dernière minute, entraînera la « condamnation du verger français ». Si les uns ou les autres pointent des imprécisions dans ce projet d’arrêté, ils peuvent faire remonter leurs remarques jusqu’au 18 juin, avant sa mise en consultation publique le 28 juin. Des associations environnementales ont prévu de demander à leur réseau d’y participer, ce qui permettra de bourrer les urnes. Cer­taines n’excluent d’ailleurs pas un recours en justice si l’arrêté abeille restait trop proche du texte actuel.

Satisfaire tout le monde relève de la quadrature du cercle. Il faut surtout faire preuve de réalisme par rapport aux contraintes du terrain et éviter toute distorsion de concurrence avec nos voisins européens si l’on veut pouvoir continuer à produire dans un pays affichant comme objectif sa souveraineté alimentaire.

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